Qui ne s’est jamais dit en observant un petit yorkshire dormir paisiblement sur son gros coussin au coin du feu: “ quand-même, il a de la chance celui-là. Pas de travail, pas de souci, nourri 2 fois par jour, logé,... j’échangerais bien ma place avec lui ce matin au lieu de partir au boulot!”
Ce n’est pas que Fifi n’apprécie pas son coussin ou son déjeuner, mais n’oublie-t-on pas, parfois, qu’il a des envies et besoins différents des nôtres?
Le chien n’est pas un loup. Il partage simplement un ancêtre commun avec ce dernier. Il a été façonné par l’Homme et s’adapte donc plutôt bien à la vie à nos côtés. Mais il n’est pas non plus un humain. Si le quotidien au sein de nos foyers présente des avantages indéniables, il ne faut pas oublier qu’il reste tout de même loin d’une situation facile à gérer pour votre chien. Prisonnier de quatre murs pour de longues périodes quotidiennes, retenu par une attache une bonne partie du reste du temps, obligé de manger ce qu’on lui propose lorsqu’on lui propose (et puni s’il tente de trouver un autre repas dans son environnement), côtoyant principalement des êtres ne partageant pas du tout les mêmes codes de conduite et de politesse, … la vie d’un chien domestique n’est vraiment pas de tout repos! Quand on y pense, le simple fait d’être contraint à ne rien faire de longues heures durant constitue un effort considérable à fournir de leur part. L’ennui, ce cauchemar…
Je pourrais m’attarder longtemps à détailler les moindres petits aspects représentant des challenges pour eux (et restant totalement invisibles à nos yeux d’humains), mais je préfère cependant poursuivre en vous donnant quelques exemples concrets de moyens de rendre la vie de vos chers compagnons plus libre, plus riche et plus épanouie.
Renseignez-vous
Plus vous en saurez sur la psychologie canine, plus vous aurez d’outils pour rendre sa vie merveilleuse. L’un des meilleurs moyens de passer à côté de ses besoins et de ne pas les connaître.
Restez avec lui
L’une des choses que veut le plus votre chien, c’est vous! Les anxiétés de séparation deviennent courantes, nos chiens ne sont pas faits pour être seuls. Intégrez-les au maximum dans vos activités quotidiennes. Adopter un deuxième chien peut fournir un compagnon de route intéressant, mais il ne remplacera jamais le lien que vous avez avec lui. Si votre chien reste trop longtemps seul (quatre heures représentant le grand maximum par jour) et que vous adoptez un deuxième chien, vous risquez simplement de vous retrouver avec, non pas un, mais deux chiens qui s’ennuient.
Détachez-le
La laisse est une compétence qui doit être enseignée. Cependant, dès que l’occasion se présente, ôtez-la. Un chien attaché ne pourra jamais profiter de sa sortie de la même manière qu’en liberté. S’il s’enfuit, essayez de trouver un endroit sécurisé. L’éducation et la socialisation jouent bien-entendu des rôles capitaux, mais il est souvent possible, pour les cas les plus difficiles, de trouver des terrains clos. Cela en vaut vraiment la peine!
Laissez-le renifler aussi longtemps qu’il le souhaite
Nous sommes des êtres visuels. De ce fait, nous peinons à comprendre la fascination que nos chiens peuvent ressentir pour des odeurs. Combien de fois avez-vous entendu ou dit “ *Allez dépêche-toi! Tu as assez reniflé! Nous avons une PROMENADE faire! *“. Et si la “PROMENADE” était le fait de renifler? Les chiens n’abordent pas le monde comme nous, par les yeux, ils l’abordent par le flair.
Pendant longtemps les scientifiques ont estimé que les chiens n’étaient pas capables du concept de “perception de soi”. En utilisant le test du miroir (ou test de Gallup), ils collaient un point rouge sur un endroit de leur corps à leur insu (là où ils ne pouvaient pas le retrouver seuls), puis les plaçaient face à un miroir. Le concept est simple: si l’animal était capable de se reconnaître dans le miroir, il ôterait ce point rouge dérangeant. Alors que les orques, les chimpanzés ou encore les pies bavardes par exemple, réussissaient le test, les chiens semblaient systématiquement échouer.
Pourquoi? Et bien parce que les chiens ne prêtent pas d’importance à leur reflet visuel, mais plutôt à leur reflet olfactif! Le test n’était simplement adapté à leur espèce. D’autres chercheurs ont donc répliqué cette expérience, cette fois-ci avec de la “neige jaune” et, surprise, les chiens semblent accorder moins d’intérêt à leur propre odeur qu’à celle des autres. Cela pourrait démontrer qu’ils disposent bel et bien d’un concept de perception de soi.
Dans votre vie quotidienne, laissez vos chiens renifler tout ce qu’il souhaite renifler et aussi longtemps qu’il le souhaite. Nos canidés ont besoin de coller leur truffe contre l’objet attisant leur curiosité et de l’analyser parfois longuement. Les obliger à s’en éloigner relève d’une frustration intense et répétée, tout au long de leur vie. C’est ainsi qu’ils explorent le monde. Saviez-vous qu’ils disposaient d’un organe supplémentaire entre le nez et le palais? L’organe de Jacobson. Grâce à ce dernier, ils peuvent goûter les odeurs. À l’aide de leur langue, ils “tapent” l’odeur contre leur palais (vers l’organe en question) et l’analysent ainsi encore mieux. On appelle cela le Flehmen.
De plus, Fifi aura souvent tendance à coller sa truffe dans des endroits semblant peu ragoûtants pour nous. Excréments, produits pourris, cadavres, parties privées des autres chiens, et j’en passe. Là aussi, rien de choquant pour eux. Ne soyez pas gênés face à d’autres propriétaires. Si ces derniers sont un minimum renseignés, ils n’y verront aucun inconvénient. Et si ce n’est pas le cas, il s’agit peut-être d’une occasion de les informer de manière bienveillante?
Protégez-le des nuisances sonores
Si certains aspects de ce point sont évidents (ACDC à fond dans la voiture par exemple), il y en existe d’autres plus susceptibles de passer inaperçus. En voici deux par exemple: les ultrasons des appareils ménagers et le bruit de la médaille attachée au collier. Pour le premier point, il n’est pas toujours possible de changer grand chose à la situation. Cependant si votre chien semble mal à l’aise dans une pièce “sans raison apparente”, permettez-lui de s’éloigner. Pour le bruit de la médaille, ce qui nous semble anodin est un fait un problème pour nos compagnons: le bruit obsédant du métal les suit partout et les empêche de percevoir correctement leur environnement. Il existe des possibilités pour rendre les médailles silencieuses en les entourant d’un morceau de plastique, cela peut améliorer grandement la qualité de vie de votre chien.
Laissez-le interagir librement avec ses congénères
Sauf si une bagarre éclate et qu’aucun des partis ne souhaite lâcher prise durant une dizaine de secondes, il est rarement utile d’intervenir lorsque deux chiens se rencontrent. Un petit rituel lui demandant de vous regarder brièvement afin d’avoir votre OK pour la rencontre suffit. Ensuite, laissez-les faire. Laissez-les se renifler où ils le veulent, courir, grogner, aboyer, se rouler, se monter dessus (souvent, cela n’a aucun lien avec la reproduction),... sans les appeler, les réprimander ou les retenir. Les contacts sociaux réguliers et libres (sans laisse) entre chiens sont capitaux pour leur bien-être. Ne soyez pas gênés devant des comportements naturels, apprenez plutôt à mieux les comprendre.
Protégez-le des nuisances olfactives
Nous parlions plus haut de l’importance de l’odorat chez le chien, cela a bien entendu également ses inconvénients. Nous n’aimons pas les mêmes odeurs. Un poisson mort est largement préférable au meilleur des Chanel pour eux. Autant dire que les parfums d’ambiance, Febreze, huiles essentielles et autres deviennent rapidement trop stimulants pour les truffes de nos chers amis. À garder en tête avant d’allumer votre toute nouvelle bougie parfumée juste sous son nez.
Occupez-le avec sa nourriture
Les repas servis dans un bol tout prêts ont du bon (et suffisent pour certains), mais ils ne permettent pas au chien d’exprimer ses comportements innés de recherche de nourriture. Permettez-lui de s’occuper avec une partie de son repas ou sa totalité en utilisant des jouets à fourrer ou en lui demandant de le chercher dans la maison ou dans le jardin. Le manque de stimulations général est tellement répandu dans le quotidien offert à nos chiens que cette activité lui fera certainement le plus grand bien!
Eduquez-le de manière bienveillante
L’éduquer, ce n’est pas simplement une question d’ego (être fier de son chien) ou de qualité de vie personnelle, mais surtout de permettre à votre chien de s’intégrer dans un monde humain en douceur. Il a besoin que vous l’emmeniez avec vous dans vos aventures quotidiennes, que vous le lâchiez dans la nature, de recevoir de l’affection,...mais tout cela devient compliqué lorsqu’il ne revient pas au rappel, hurle à la mort dès que vous ne lui prêtez plus attention, tire en laisse, ou aboie sur ses congénères... Lui offrir les outils nécessaire à sa sérénité avec nous est un devoir. Tournez-vous bien entendu vers des méthodes utilisant le renforcement positif et soyez patient. Votre relation s’en retrouvera vraiment renforcée.
Voilà, nous avons passé en revue quelques-unes des manières de mieux respecter la nature du “meilleur ami de l’Homme”. N’hésitez pas à commenter en expliquant vos propres expériences sur la question. Si cet article vous a été utile, dites-le moi et je pourrai approfondir la question avec d’autres points importants. Comme vous pouvez l’imaginer, la totalité des aspects importants pour améliorer la qualité de vie de nos compagnons n’a de loin pas été couverte dans ce seul article.
Merci de m’avoir lue!
Cheryl Baker - Le Chien Serein
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