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La solitude et le chien...

Dernière mise à jour : 27 nov. 2020





**07:00** - Je sais que tu vas partir. Tu bois ton café, l’air de rien. Tu t’habilles, comme si rien n’était grave.


**07:15 **- J’ai l’impression d’avoir une pierre dans le ventre. Je ne te lâche pas du regard. Peut-être que cette fois-ci, tu comprendras.


**07:30** - Je t’amène mon jouet préféré. L’ours en peluche à qui il manque un bras et ses oreilles. Peut-être que si tu commences à jouer avec moi, tu oublieras.


**07:45** - En te voyant mettre tes chaussures, ma gorge se resserre. L’angoisse qui parcourt tout mon corps guide mes pattes de manière presque automatique. Je fais les cent pas autour de toi. J’ai chaud. Mon agitation t’agace. Tu me lances un regard dur, lassé. Tu soupire en disant “ *ce chien stresse vraiment pour rien. Il me donne le tournis”*.


**08:00** - je ne sais pas lire l’heure, mais je ressens les choses. Et mon esprit est habitué à être poignardé 5 fois par semaine au même moment. Tu prends tes clés, mon coeur tombe. Tu passes la porte.


**08:30** - Je n’arrive pas à gérer toute cette angoisse. Je t’ai appelé sans arrêt depuis que tu m’as abandonné. Aussi fort que je le pouvais. Je suis fatigué. J’ai l’impression que je ne peux plus respirer et la pierre qui était dans mon estomac s’est transformée en mille lames tranchantes.


**09:00** - Cette fois-ci, je ne pourrai pas gérer la douleur de la solitude. Cette sensation est insupportable. Tous mes sens me crient que je ne suis pas fait pour vivre ainsi. Tous mes ancêtres se bousculent dans ma tête et hurlent ensemble à la mort. Nous devons rester ensemble. Comment soulager cette peine? Je suis prisonnier, tournant en rond dans la maison que tu as quittée.


**09:30** - Mes pattes jadis blanches ont depuis longtemps pris une couleur dorée. Et puis les poils sont par endroits tombés. Je les lèche jusqu’à l’épuisement. Mais cela ne suffit pas.


**10:00** - Ce déchirement ne peut pas rester en moi, je dois trouver une manière de le canaliser. Alors je plante mes crocs dans les coussins de notre canapé. Je me sens soulagé pour quelques secondes. Et puis la réalité me rattrape.


**14:00** - j’ai crié, j’ai pleuré, j’ai détruit. Et puis l’épuisement a pris le dessus et j’ai fermé les yeux.


**14:45** - Je sais que tu as décidé de rentrer. Je le sens. Je ne sais pas où tu es, mais mon pressentiment m’indique que tu reviendras! Quel bonheur! Un sentiment d’euphorie m’envahit. Mon coeur pèse un peu moins lourd.


**14:55**: ça y est! J’entends ta voiture! Son bruit n’est égal à aucun autre. Je suis tellement heureux que mon coeur bat la chamade. Il faut que j’aille à la porte pour t’accueillir et te montrer à quel point ton retour me fait plaisir! Le meilleur moment de ma vie je pense!


**15:00**: la porte s’ouvre, je vais exploser de joie! Toutes mes angoisses se délient, je suis léger. Je t’aime tellement. Je veux te saluer comme il se doit, en m’approchant de ton visage. Je te parle pour t’expliquer la terrible épreuve que je viens de traverser, mais tout va bien maintenant que tu es rentré.


Ton visage se ferme. Ton corps se crispe. Tu ne réponds pas à mon bonheur. Tu me lances plutôt un regard noir. Et là, je sens ta colère. Je baisse les yeux et les oreilles et essaye de me faire petit pour ne pas te déranger, mais je ne comprends pas. N’était-ce pas le meilleur moment de notre journée?


Dans tes cris ensuite, j’entends des sons tels que:


“ne me saute pas dessus, tu as ENCORE détruit mes habits!!”


“ tu SAIS que tu as fait une bêtise, tu as l’air bien coupable! MAUVAIS CHIEN!!”


“ mon canapé est fichu! Je N’EN PEUX PLUS de toi!”


“ la voisine me déteste à cause de tes aboiements!”


Je ne comprends pas ces paroles. Mais ton corps m’envoie de signaux violents. Des signaux de haine.


Comment l’amour pur que je t’ai envoyé peut-il me revenir en violence? Je t’aime. Que se passe-t-il?


Ce n’est pas grave, plus tard dans la soirée, quand tu seras plus calme, je reviendrai pour me blottir contre toi et profiter des quelques heures passées ensemble. J’aurais bien envie d’utiliser toute cette énergie accumulée lors d’une journée passée enfermé, mais je crois que tu préfères rester tranquille. Car demain, j’ai bien peur que tu ne repartes à nouveau.


Il facile d’oublier, ou de ne pas comprendre totalement le besoin viscéral que ressent un chien de rester avec sa famille. C’est un animal social obligatoire, et les quelques heures de solitude lui étant demandées doivent faire l’objet d’un apprentissage, au même titre que le rappel ou que n’importe quelle autre compétence. La souffrance que traverse un chien laissé seul de longues heures est réelle. Elle peut s’exprimer par certains comportements “dérangeants” ou alors passer inaperçue. Ils nous pardonnent tout.


N’oubliez pas que 4 heures quotidiennes représentent le maximum de solitude tolérable pour votre compagnon, et que ces dernières doivent être introduites progressivement, dans la douceur. Cette compétence n’est pas innée, Elle est totalement contre-nature et éprouvante pour un chien qui n’est pas prêt.


Pour les aimer correctement, respectez leur nature


Cheryl Baker - Le Chien Serein


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